Actuellement, trouver une embauche ne pose pas de problème pour les étudiants en informatique. Au contraire, l'étudiant a souvent plusieurs options possibles. Se pose alors le problème pour l'étudiant de choisir l'entreprise d'embauche.
Dans ce document, nous proposons un certain nombre de critères de sélection. Nous ne traitons pas les critères habituels comme le salaire.
Puisqu'il s'agit de trouver un emploi, il semble primordial de savoir en quoi il va consister. Le diplômé devrait favoriser les emplois pour lesquels le poste est clairement défini. Un poste mal défini risque d'être synonyme de tâches ingrates et fluctuantes. Il convient de demander quelles seront les tâches à effectuer, quelles seront les responsabilités et dans quelle mesure celles-ci sont susceptibles de changer.
Un employé n'est normalement pas isolé dans l'entreprise, aussi le diplômé doit demander où il se situera dans la hiéarchie. Combien de personnes dans son équipe ? Aura-t-il des personnes sous ses ordres, et de qui prendra-t-il les siens ? Dans l'idéal, tout employé n'a au-dessus de lui qu'un seul donner d'ordre, clairement identifié. Dans le cas contraire, on risque de se retrouver écartélé par une multitude de consignes incompatibles, données par plusieurs donneurs d'ordre qui ne se sont pas consultés (ou pire, refusent de se mettre d'accord).
Selon les desiderata du diplômé, la possibilité de se déplacer dans ladite hiérarchie est importante, que ce soit pour occuper un poste de même niveau mais différent, pour varier ses expériences, ou pour prendre plus de responsabilités et gagner plus. Une hiérarchie trop figée est probablement un mauvais signe, dans tous les cas.
La technologie, et en particulier l'informatique, évolue très vite. Il est donc plus que jamais essentiel pour un diplômé de continuer à se former pendant toute la durée de sa carrière. De plus, il est essentiel pour chaque entreprise sérieuse de maintenir son personnel à jour de l'évolution de la technologie. Sinon, c'est la survie même de l'entreprise qui est en danger.
Nous recommandons donc aux diplômés de demander à l'entreprise :
La formation organisée traitée dans la section précédente est importante, mais elle a des limitations. Pour un développeur de logiciels, en particulier, il est impossible d'apprendre complètement son métier par le biais de ce type formation organisée.
Il est donc impératif de consacrer un temps considérable à l'auto-formation. Cette auto-formation peut prendre plusieurs formes :
La société doit permettre un minimum d'une journée par mois, de préférence deux, voire plus, pour ce type d'activités.
L'évolution de l'informatique est tellement rapide qu'un informaticien a besoin de s'auto-former en permanence. Une façon simple et peu chère d'encourager cette auto-formation est pour l'entreprise de permettre aux employés d'acheter des livres et d'autres documents (normes ANSI/ISO, actes de congrès, articles, manuels de références, etc).
Pour cela, l'entreprise doit disposer d'un budget à cet effet. Le budget disponible doit être un minimum de 300 Euros par an et par employée.
La société peut choisir d'établir une bibliothèque locale afin d'éviter l'achat de plusieurs exemplaires d'un même livre, mais dans ce cas :
Une telle bibliothèque doit contenir des livres sur les sujets suivants :
Le diplômé peut alors demander si un tel budget existe, ainsi que si la société possède une bibliothèque de livres de référence.
En informatique, les livres ne peuvent pas fournir toutes les informations dont a besoin un développeur. Il faut de plus des articles de revues, des actes de divers congrès d'informatique, etc.
Pour une société, le coût d'une bibliothèque pouvant fournir ce type de service serait prohibitif. Une solution pour la société est d'avoir un accord avec une bibliothèque universitaire permettant aux développeur l'accès à ces services.
Plusieurs bibliothèques universitaires (dont celle de l'Université Bordeaux 1) proposent de tels accords, souvent à un prix dérisoire pour la société (environ 200 Euros/an pour une petite société).
Le diplômé peut donc poser la question sur l'existence d'un tel service ou d'un tel accord. Si la réponse est « non », il peut alors demander si cela peut être envisagé.
Un informaticien travaille en équipe. Ses propres connaissances sont importantes, mais aussi celles de ces collègues. Il est très difficile de travailler efficacement et d'améliorer ses connaissances dans une équipe dont le niveau de connaissance est faible.
Le diplômé doit donc se renseigner sur la formation du personnel existant. Pour une équipe de développement de logiciels d'applications, au moins la moitié des développeurs doit avoir une formation BAC+5 en informatique. Si de plus il y a un ou deux membres de l'équipe avec un doctorat en informatique, c'est excellent.
Parce que les compétences dans une équipe sont souvent complémentaires, le diplômé devrait se renseigner sur la possibilité qu'ont les employés de se former entre eux ou de réaliser des présentations sur des sujets qu'ils connaissent. De telles présentations sont l'occasion de travailler ses compétences de communication, et enseigner un sujet offre généralement un angle nouveau sur celui-ci (c'est une des raisons d'être des enseignants-chercheurs).
Il est impératif de savoir dans quelles conditions le diplômé sera amené à travailler :
Aujourd'hui, il est impensable d'imaginer une entreprise en informatique sans accès à l'Internet. Pour un informaticien, c'est un outil indispensable pour son travail. Typiquement, l'informaticien utilise le réseau pour :
De préférence, l'accès doit être permanent et d'un capacité d'au moins 128 kbit/s.
Certaines sociétés imposent des restrictions assez sévères sur l'utilisation de l'Internet. Souvent, la sécurité est citée comme raison de ces restrictions. C'est une raison peu valable aujourd'hui avec l'existence de pares-feu, de mécanismes efficaces et légaux de chiffrement[*] et des moyens similaires de protection. De plus, il est toujours possible de séparer les machines sensibles et les machines connectées sur l'Internet.
Pour être efficace dans son travail, le développeur doit pouvoir choisir au moins un sous ensemble de ses outils. En particulier en ce qui concerne des outils fréquemment utilisés comme le système d'exploitation, l'éditeur de texte, le navigateur ou encore le vérificateur d'orthographe.
Au-delà de la simple utilisation de logiciels libres que le diplômé pourrait souhaiter faire dans son travail, celui-ci peut avoir un rôle actif dans un ou plusieurs projets de développement libre. Certaines entreprises offrent la possibilité à leur employés d'allouer une partie de leur temps de travail à la participation à des projets libres, soit sur des logiciels qu'elles développent ou utilisent, soit au gré de l'employé.
Le diplômé pourrait également souhaiter pouvoir retirer quelque chose de pérenne d'un travail de développement au sein de l'entreprise. Si celle-ci accepte de placer tout ou partie du code développé sous licence libre, qu'elle ait l'intention ou non de le distribuer au public, et que le diplômé en reçoive une copie, celui-ci aura l'assurance de pouvoir réutiliser plus tard son propre travail, plutôt que de devoir le réaliser à nouveau.
[*] L'utilisation de mécanismes de chiffrement légaux lorsque nécessaires, est fortement recommandée par les organismes de défense et surveillance de l'état (DST, DGSE).
© 2007 Robert STRANDH, Pierre THIERRY